Une année en projet(s)

16 juin - 30 septembre 2022

Jean-Christophe Lallau, Élodie Quatresous et Audrey Serfaty

Centre Jean Verdier (2e et 3e étages) – 11, rue de Lancry – 75010 Paris

Habiter le dehors

Jean-Christophe Lallau

Selon l’Insee, est « sans-abri » toute personne qui ne dispose d’aucun lieu couvert pour se protéger des intempéries (pluie, froid) et dort à l’extérieur (dans la rue, un jardin public…) ou dans un lieu non prévu pour l’habitation (cave, cage d’escalier, chantier, parking, centre commercial, grotte, tente, métro, gare…).

Lors de la dernière nuit de la solidarité à Paris en janvier 2022, 2598 personnes sans-abri ont été recensées à Paris. On passe devant, sans les voir ou en ne voulant pas les voir. Objets banals de notre environnement, objets de désagréments, de malaise ou de dégout, on en oublie parfois leur caractère humain. Et si certains semblent avoir abdiqué, assommés par les difficultés et les addictions, nombreux sont ceux qui tentent de maintenir un rapport à la normalité.Privés de domicile, ils façonnent une partie de l’espace public pour recréer un lieu qui leur est propre et s’aménager une intimité, accumulant parfois tout un tas de petites choses ou affirmant leur appartenance à un groupe, à une nationalité. Tentative de rester dans la norme, de conserver une dignité, d’affirmer son humanité.

www.jclallau.com

Le coeur des arbres

Élodie Quatresous

Incarnation du monde végétal, l’arbre est le refuge du vivant. Il accueille tout un écosystème auquel il offre un abri : insectes, oiseaux, petits et grands mammifères vivent sous ses ramures tandis que les lichens, champignons, mousses et végétaux s’épanouissent à son contact.

L’arbre est un trait d’union entre la multiplicité du vivant, entre la terre et le ciel. Mais son chemin est pourtant loin d’être linéaire. Il s’adapte sans cesse à un environnement qu’il ne peut ni contrôler ni fuir. Il grandit au gré des aléas de la vie qui marquent son corps d’autant de cicatrices.
Ce parcours sinueux, entre ombre et lumière, renvoie à notre propre corps et à notre lien mutilé avec le monde du vivant dont nous sommes issus. C’est ce lien qu’il est aujourd’hui crucial de renouer.

Cette série invite à explorer ces témoignages, miroirs de nos propres parts d’ombre. C’est en osant les accepter, les éclairer et en apprenant à les aimer, que nous pourrons nous épanouir en harmonie avec le monde.

Portraits « en pied »

Audrey Serfaty

Pendant de longues années à prendre le métro, et entre deux pages d’un livre, je regardais les gens, leur visage et leurs pieds. Je me faisais souvent la réflexion que ces pieds chaussés ressemblaientà leur propriétaire. La position des pieds, leur manière d’être, d’agir, de s’exprimer, renvoie inconsciemment certaines parts de caractère de leur propriétaire, mais aussi ses états d’âme, le vécu du moment, la palette de sentiments produits par l’instant présent, dans l’attente, l’action ou le partage.

J’ai voulu pour cette exposition in situ faire le portrait des passants de la rue de Lancry à travers leurs pieds. Leur pas, si expressif, est tout à la fois un instant figé de la vie de ce coin du 10ème arrondissement, et en même temps le reflet d’un moment suspendu, laissant au spectateur la faculté de deviner ou d’imaginer la vie hors du cadre et l’histoire qui
s’y déroule.

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