Elles / Photographie

29 février - 11 avril 2024

Céline Bonnarde, Karine Coutet, Gaëlle Encrenaz et Khanh

En résonance avec la Journée internationale des droits des femmes – le 8 mars – et en collaboration avec Céline Bonnarde, commissaire associée sur cette exposition, Images en partage invite des photographes femmes à présenter la richesse de leurs approches artistiques : documentaire engagé (Céline Bonnarde), réappropriation d’images (Karine Coutet) autobiographie intimiste (Gaëlle Encrenaz) et flux de conscience (Khanh). Une exposition manifeste dont la devise pourrait être : visibilité, diversité, égalité.

Céline Bonnarde  —  Parcours de femmes fortes : entre espoir(s) et résistance(s)

Série de portraits de femmes ayant vécu un parcours migratoire.

L’actualité parle beaucoup d’immigration, et souvent au masculin. Mais les femmes, qui espèrent et tentent un autre avenir, existent aussi.

A travers ces portraits et en tant que femme, j’ai voulu leur donner une visibilité et la place de raconter leur histoire.

Ces diptyques les présentant avec un objet personnel, intime, qui vient de leur pays, a pour but de montrer le lien qui les unissent avec leur autre culture, leur autre vie. Cet objet est aussi un vecteur de transmission, d’émotion et de fierté.

Ces photos ont été réalisées avec 10 apprenantes de l’atelier sociolinguistique Nous au féminin, animé par Sophie Gautier, coordinatrice du centre social et culturel P’Arc en Ciel à Nanterre : Chaymae, Rabia, Rachida, Karla, Clara, Nicole, Coumba, Nanding, Paldon et Hedjira.

celinebonnarde.com


Karine Coutet  —  Brume

« À l’inverse de la place qu’elle occupe dans nos sociétés patriarcales, la femme et son corps, observé́ et fantasmé sous tous les angles, sont omniprésents dans l’imagerie artistique et médiatique. Ce modèle tend à diffuser des normes esthétiques tronquées et simplistes.

Dans cette série, je souhaite souligner la saturation de l’espace visuel de ces représentations, telle une brume, gommant la véritable essence du féminin.

Les images que je propose ici, présentent délibérément des corps féminins morcelés, étêtés, cicatrisés, renforçant ainsi l’idée d’une imagerie déformée. Elles sont bordées d’un liseré́ noir afin d’en appuyer l’effet mortifère. »

karinecoutet.fr


Gaëlle Encrenaz   L’odeur du figuier

« Je suis une photographe bordelaise. En parallèle de mes travaux de chercheuse en santé publique puis sciences sociales, j’ai toujours photographié, en utilisant des techniques argentiques. J’ai choisi l’argentique d’abord pour le rendu des couleurs, mais aussi pour le rapport au temps que cela impose.

Mes recherches et mes engagements associatifs m’ont menée sur des terrains difficiles comme récemment ceux de la prostitution de mineures et du travail forcé. Alors mes photos ont pris le contrepied en privilégiant une approche douce et bienveillante. Actuellement en pause de la recherche, je développe mes activités photographiques toujours restées au second, voir troisième plan.

Mes séries photographiques s’inspirent d’instants de la vie quotidienne, de routines personnelles, auxquelles on oublie souvent d’accorder de l’importance. Pourtant ces instants contribuent à notre bonheur.

Cet été, j’ai trié les photos de ma tante décédée au printemps. Depuis plus de 50 ans, elle avait avec son regard bien à elle, photographié toute la famille au polaroïd. Rien d’exceptionnel ou de grandiose, mais que des moments de la vie quotidienne, de notre intimité : un cochon pendu sur la balançoire, un chat dans une bassine à côté du traditionnel gâteau roulé, une sieste dans un transat, un repas du dimanche… Ce sont ces instants dont on a envie de se souvenir et grâce auxquels on se construit.

Cette exposition tente de s’en inspirer et appelle à ralentir, à retisser des liens avec le monde et à savourer des plaisirs simples comme l’odeur du figuier niché dans la falaise le long de la Côte des Basques à Biarritz. »

gencrenaz.com


Khanh  —  Journey

« J’ai commencé à prendre des photos dès que j’ai reçu mon premier appareil photo, à 15 ans. Dès lors, mon appareil a fait partie intégrante de moi, de mon corps, comme un 3ème oeil – l’intuitif je suppose. Je n’ai jamais su expliquer pourquoi je prenais des photos, ni ce que je prenais. C’est une impulsion viscérale, une urgence brute de capturer une émotion, une perception, un ressenti – des instants de vie simples, dans toute leur essence et leur intensité – et ce, qu’importe le sujet, et qu’importe le résultat.

Les photographies présentées ont été prises sur une dizaine d’années, ici et là, au gré de mes pérégrinations à travers le monde, à l’aide d’un appareil argentique moyen format (Rolleicord). La plupart d’entre elles n’ont été développées que récemment. C’est là que j’ai commencé à les « découvrir ».

Pendant cette découverte, je me suis rendue compte que mes photographies étaient un moyen pour mon subconscient de s’exprimer. Elles représentent moins ce qui m’entoure que ce qui m’anime intérieurement, et ce, avant même que j’en prenne vraiment conscience. Dans un certain sens, elles détiennent les clés et les réponses à la plupart de mes questions « métaphysiques » sur ce cheminement, qu’on appelle la vie. »

khanh-es.squarespace.com