Ecritures photographiques

15 mai - 30 septembre 2024

Christian Campion et Dominique Clairefond : deux écritures, deux approches de la photographie

Depuis plusieurs décennies, la photographie a mis en avant le travail d’auteur. Du photographe, on attend qu’il ait un style et qu’il développe des projets personnels, avec une vision du sujet et une forme de style. Artiste visuel certes, mais lié à une réflexion et une expérimentation sur la manière de traiter un sujet.

Avec sa série « Songe végétal », référence à un poème de Raymond Queneau, Christian Campion s’inscrit dans une photographie dite plasticienne. A la fin de l’hiver, son regard se pose sur des feuilles toutes simples, de celles que l’on foulerait sans même leur accorder un instant d’attention. Mais voilà qu’il prélève, dans la jonchée, quelques-unes de ces délicates dentelles, grignotées par le temps et les éléments. Et que, traversée par les lumières du studio, elles vont révéler leur envoutante beauté. Christian Campion crée alors une esthétique photographique toute en subtilité de noir et de blanc, entrelaçant la netteté la plus acérée au sfumato du flou .

Avec sa série « Neuilly-Nanterre », Dominique Clairefond adopte plutôt les codes de la photographie documentaire. Pour construire cette approche comparative entre deux villes dont l’histoire politique est presque opposée, il photographie des lieux (mairie, cimetière) ou des types de lieux (habitations pavillonnaires) dans chacune de ces deux cités. Respectant l’angle de vue, le grossissement, les conditions lumineuses, le projet semble, en apparence, dérouler une neutralité parfaitement objective. Mais il faut croire aux pouvoirs de la photographie documentaire, qui lorsqu’on sait la faire parler, révèle son sens à travers des détails presque imperceptibles (regardez de plus près l’immeuble haussmanien à Neuilly) ou lorsque s’intercale une page blanche.

Deux écritures qui correspondent à des pratiques bien différentes pour dessiner un présent de la photographie.